Journal

Paris, le 1er janvier 2007

Compañeros, compañeras

Alors voilà, comme vous le savez déjà, je m'envole ce jeudi 4 janvier direction Cuba, pour partir à la recherche de Camilo Cienfuegos, héros de la révolution cubaine, disparu prématurément en 1960. Le film que je prépare s'intitule "La route de Camilo" et raconte son itinéraire personnel, politique et révolutionnaire. Mon voyage va consister essentiellement à collecter des archives à La Havane et à Yaguajay. Ensuite de mars à juin, je vivrais avec ces images pour qu'un film en sorte...
Ici, même, à partir du 5 janvier, et je l'espére le plus souvent possible, je vous décrirai comment ça se passe, mes recherches, mes rencontres, mes soucis, mes émerveillements...
N'hésitez pas à ajouter des commentaires (attention, ils pourront êtres lus par tous !) en réaction à mes textes ou à m'envoyer des mails, ils seront les bienvenus !

hasta luego


La Havane
Samedi 6 janvier

Revenir

Et voilà c'est parti... Terrasse de chez Ofelia et Carlos, immense, donnant sur l'avenue Salvador Allende, où les Ladas, les Buicks et les bus de récup se succèdent, et, en face, le Ministère de l'énergie. La nuit tombe très vite, il y a 10 minutes il faisait jour... Il est 19h27. Et pour l'instant tout va très bien.
Hier, trop long voyage. L'avion part avec 1h30 de retard... 9h de vol : je réfléchis, je gamberge, je lis, j'écoute de la musique de kéké qui passe dans « la radio de l'accoudoir », je pense à une fille (et non y a pas que le ciné, le vin chaud et Cuba dans la vie) je mate le film du coin de l'oeil (« The Queen », à la limite du supportable), et surtout, je trépigne d'impatience.
Je débarque dans la chaleur de Cuba dans des conditions royales. Ariel (pour ceux à qui j'en ai pas parlé, le cubain qui travaille avec moi) me fait accueillir à la descente de l'avion par une hôtesse qui me fait passer par la douane diplomatique, et hop, me voilà dans le salon privé de l'aéroport en compagnie d'Ariel. Je m'aperçois vite qu'il est super sympa, et qu'il va me faciliter énormément? tout ! Et, cerise sur le gâteau, il parle très très bien français.
Sur la route vers la ville, Cuba est bien là : une grande Chevrolet perd une de ses roues arrière, mais le véhicule va tranquillement se ranger sur le bord de la route? Quelques minutes plus tard je retrouve la maison d'Ofelia et Carlos, 18 mois après l'avoir quittée. J'ai l'impression que c'était hier. Rien a changé, si ce n'est qu'il y avait un bébé et que ce n'est plus un bébé. Et ouais c'est con, mais on grandit.
Aujourd'hui, premier jour de boulot. C'est vraiment, mais alors vraiment bizarre de travailler à La Havane ! C'est légèrement différent que rue Francoeur. On se rend au bureau d'Ariel, à la Maison du festival de cinéma latino-américain. On essaie de planifier ces trois semaines, on y arrive à peu près. On organise dans la foulée notre escapade à Yaguajay (prononcer « yawahaï », j'y arrive presque), là où Camilo a remporté une des batailles décisives de la révolution, et où se trouve à présent le Musée qui lui ai consacré. Ce sera pour mardi prochain, et pour 3 jours normalement. On a aussi pas mal bourlingué dans sa Lada pour aller chercher sa mère et aller manger. Je vois défiler les rues de La Havane et je redécouvre avec bonheur le malecon (l'immense corniche qui longe la mer), les hôtels sixties, les rangées éclatantes et sans fin de demeures coloniales, les bagnoles rafistolées qui trimballent leurs carcasses avec l'énergie du desespoir, les filles cambrées qui se pavanent, les vieux qui régnent sans partage sur les trottoir avec leurs grosses lunettes, leurs cigares et leurs trois dents, les fresques révolutionnaires...Tout est a sa place.
La fin de cette première journée approche. Je suis plutôt serein sur ce qui va se passer pour la collecte d'archives, malgré les quelques aléas qui risque de survenir. Mais bon là c'est le week-end et demain je vais commencer à filmer. Je devrais aussi pouvoir attraper un ordi connecté à internet pour pouvoir déposer ces premières lignes. J'espère en déposer le plus souvent possible. Et puis je vais terminer par écrire un truc d'une banalité affligeante mais d'une sincérité limpide: je suis terriblement heureux et excité d'être ici.

Hasta luego


Lundi 8 janvier

S'installer

Premier week-end bien garni ! Samedi, je suis allé me rafraîchir les « idées » au musée de la Révolution : chemise de Camilo, mitraillette du Che, douilles d’un flingue utilisé par Fidel, et des antiquités plus imposantes : le Granma (le bateau avec lequel les révolutionnaires ont débarqué dans le sud de l’île) ou le tracteur que Camilo a transformé en char d’assaut pour la bataille de Yaguajay.
Sur le marché aux livres de la Plaza de los Armas, j’ai trouvé mon bonheur. « El senor de la vanguardia », the biographie de Mr Camilo, ainsi que quelques petits livres qui lui sont consacrés. De vrais antiquités, jaunis par le vent de la baie proche, qui devaient attendre un acquéreur de puis bien longtemps. Je me suis ensuite calé dans un bar pour examiner mes trésors (ces livres n’existent plus que d’occasions) et écrire des lettres et des cartes que vous recevrez peut-être un jour ! Après j’ai pris le ferry qui traverse la baie de La Havane pour filmer. Je crois que la PD150 était très contente d’avoir autre choses à se mettre sous la dent que les trottoirs du 18ème ou les appartements bourgeois ! A la descente du ferry, je me retrouve à Casablanca, et je tombe rapidement sur un vieux train rouillé. Je le filme puis je vois des gens monter à l’intérieur, puis je me dis « mais qu’est ce qui vont foutre dans ce train, squatter, dormir ? » Jusqu’à ce que le train démarre à mon grand étonnement… et tombe en panne quelques mètres plus tard ! Il partira après réparation une demi-heure plus tard. Apparemment un des derniers trains de l’île.
Le soir, avec d’autres français de la casa particular, je suis allé écouter du jazz dans une boîte intitulée « Le corbeau et le renard ».
Dimanche, j’ai passé la journée à Cojimar, là où habite Ariel. Avec son voisin on est allé manger sur le toit d’un paladar (restaurant chez un particulier) où l’on surplombait la mer où Camilo a appris à nager et où Hemingway allé pêcher (c’est ici que « Le vieil homme et la mer » est né dans la tête de l’écrivain). On a été gavé comme des oies : des beignets d’espadon fourrés aux fromages, trempés dans la mayonnaise, accompagné de « platanos fritos » ( des bananes frites, la spécialité du coin). Ensuite on est allé rencontrer Patricio Wood, l’oncle d’Ariel, à quelques pâtés de maison. C’est un des acteurs cubain les plus connus, et il se ballade en short devant sa petite maison, répare sa voiture. Un homme d’une grande humilité et passionnant. Ariel m’explique qu’à Cuba, les « stars » n’existent pas. Les acteurs et les musiciensquelle que soit leur popularité gardent toujours la tête sur les épaules et une grande humilité par rapport à leur travail. Que l’on soit comédien, chanteur, ouvrier ou restaurateur, on parle de son travail avec la même humilité. C’est ça aussi Cuba…
Donc, si nous sommes allé le rencontrer, c’est que c’est le seul acteur Cubain à avoir joué Camilo dans un film de fiction. Un film sur l’amitié entre le Che et Camilo, réalisé par une journaliste venezuellienne. Malheureusement le film a aujourd’hui complètement disparu de la circulation. Mais la longue discussion que j’ai eu avec Patricio sur Camilo (il a beaucoup étudié l’homme avant de le jouer) a été passionnante. Et très arrosé de rhum ! Je me suis alors rendu compte sur la route du retour, que le film se constuisait aussi comme cela, en parlant avec des gens comme Patricio. Le matin même, alors que je lisais un passage d’un livre sur Camilo, Ofelia (la propriétaire de la casa particular, qui doit avoir à peu près 75 ans) m’a montré en feuilletant un livre de photos sur Camilo, une photo où il se trouve avec le Che : elle m’a affirmé que quand cette photo a été prise, elle était dans la pièce avec eux !



Jeudi 11 janvier

Découvrir

Voilà une semaine que je suis arrivé et j’en reviens pas comme les choses se sont enchaînées ! Et je me demande avec frayeur puis soulagement je que j’aurais pu faire sans Ariel…probablement pas grand-chose. Il m’a vraiment ouvert toutes les portes qu’il fallait que j’ouvre pour pouvoir accéder aux images existantes à Cuba sur Camilo. Au terme de cette première semaine j’ai vu pratiquement toutes les images « films » sur Camilo, et d’ici la fin de la semaine prochaine, tout sera transféré sur cassettes. Mais trêve de détails pratiques chiants !
Depuis le mois de juillet je lis des choses sur Camilo, je suis longtemps resté scotché sur certaines des photos le montrant riant ou les yeux dans le vague. Aux Ateliers des Archives à Paris, j’ai trouvé quelques images films sur lui et déjà ça m’a fait une drôle d’impression de le voir « s’animer ». Mais là entre hier et aujourd’hui c’est carrément autre chose : le fait de voir autant d’images de lui (pas plus de 45 minutes si on met tout bout à bout mais une vraie mine de cinéma…), de l’entendre… J’aimerais tant vous décrire tout ce que j’ai vu, je l’ai rangé très fort dans un coin de ma tête, mais ce serait trop long et je vous laisserai le découvrir par vous même. Mais en gros les images sont très diverses, la plupart se situant comme je le pensais dans les mois précédant sa mort, c’est à dire l’arrivée au pouvoir et toute l’euphorie qui s’en est suivi. Le fait de voir tout ça ajouté aux multiples discussions que j’ai avec les cubains sur l’homme, me donne vraiment beaucoup d’idées pour le film.
Le chemin jusqu’à ces archives est normalement un calvaire, Ariel l’a rendu presque facile ! Mardi on a eu toutes les autorisations nécessaires auprès de l’ICAIC et on a dès le lendemain fait une demande de recherches. On s’est attaqué aux registres et aux répertoires qui recensent tout ce qu’il y a dans les archives et on a demandé une cinquantaines de bobines. Pour la plupart ce sont des journaux d’informations de l’époque, qui passaient avant les films, comme chez nous à l’époque de Pathé Actualités. Cet après-midi les ¾ de ces bobines nous ont été confiés par l’intermédiaire d une dame qui nous a aidé à les visionner (sur la seule table de montage en activité ce jeudi, une Moviola). Les autres bobines étaient dans un état très précaire (ils conservent très très mal leurs archives, ça fait mal au cœur, elles sont dans des salles humides, aux fenêtres ouvertes…) On a donc visionné pendant près de 6h toutes ces bobines et on a retenu bien sûr toutes les images de Camilo, mais aussi d’autres images de la Révolution, qui me permettront de construire le film. Une après-midi bouillonnante, à revivre les mois les plus démentiels de l’histoire cubaine !
En ce qui concerne les photos on a fait une demande auprès le photothèque des archives et on devrait pouvoir voir tout ça demain.
Notre périple à Yaguajay a été déplacé à mercredi prochain : on préférait d’abord voir tout ce qu’il y avait à La Havane.
Sinon, j’ai commencé à pas mal filmer, et j’ai eu la chance de pouvoir capturer les images du malecon sous le vent, les vagues s’écrasant sur la route et les voitures. Un sacré spectacle ! On passe pas mal de temps avec deux amis réalisateurs d’Ariel, Juan Luis et René (qui bossent souvent avec lui et qui nous filent un coup de main technique sur Camilo) et du coup on parle beaucoup du fonctionnement du ciné ici. Et surtout on rigole ! Du coup le soir j’ai un peu mal au crâne, à force de faire des efforts pour comprendre toutes les subtilités de leurs blagues !
L’ambiance à la casa d’Ofelia et Carlos est toujours aussi familiale et chaleureuse, du coup j’suis content de rentrer le soir, et je ne me sens jamais vraiment seul. Presque tous les jours ils me parlent de leur passé révolutionnaire, de leurs rencontres avec le Che (Carlos a été Colonel pendant la Révolution), ils me montrent leurs médailles, leurs souvenirs… Et c’est rigolo, parce que toutes les générations de la casa m’appelle Camilo ! « Camilo téléphone, Camilo la cena,… »

hasta luego companeros


mardi 16 janvier 2007

Camilo superstar

Presque à mi-parcours du voyage, la recherche d’archives à La Havane touche à sa fin. Aujourd’hui j’ai récupéré les archives photos de l’ICAIC, « prêtes à emporter », sur CD. Vendredi j’ai eu ces grands photos de Camilo entre les mains (dont deux ci-dessous) et on a été assez impressionné par le fait que, pour la plupart, ce ne sont pas des photos qu’on a l’habitude de voir : des photos où Camilo a l’air d’une rock star en plein euphorie populaire (80% de femmes à peu près…). On le sent au milieu de cette foule à l’aise comme un poisson dans l’eau, comme s’il était entre amis. Les photos que je connaissais de lui à travers les musées et les livres vendus au cubain, le montre souriant, heureux, à l’aise, mais souvent seul ou entouré de quelques personnes, comme si on voulait minimiser le déferlement populaire dont il a été l’objet pendant les mois qui ont suivit la victoire.
Aujourd’hui, la mère d’Ariel, m’a dit que sa mère était folle de lui. Bref, tout cela va donner du grain à moudre au monteur de ce film ! Je crois qu’il va avoir beaucoup mais alors beaucoup de boulot…
Ce week-end, c’était très très tranquille. J’ai passé pas mal de temps à lire Vargas Llosa sur la terrasse , à écouter de la musique, à traîner, à regarder les gens passer dans la rue depuis la terrasse. Bref, à me reposer comme si j’étais fatigué. Et ça fait un bien fou !
Je me suis quand même baladé caméra au poing pour filmer les rues, la place de la Révolution, la route, la mer, le malecon, les ados qui sautent des rochers, le linge qui pend aux fenêtres… Et je suis retourné au Musée de la révolution notamment pour filmer « El Dragon » , le tracteur transformé en char d’assaut (si, si, vous verrez…) par Camilo lors de la bataille de Yaguajay. Il est là, avec pour compagnie, le Granma, des morceaux d’avions américains abattus, et autres fiertés gigantesques.
Yaguajay justement… Je crois qu’on sera passé par tous les stades d’organisation (y aller à 3 en un jour, à 3 en 2 jours, à 2 en 3 jours…) Finalement on part demain a l aurore et on revient jeudi soir. Le voyage se fait à 4, Ariel, son oncle (celui qui a joué Camilo), sa tante et moi. On va dormir dans un espèce de motel qui va si ça se trouve ouvrir juste pour nous (le seul endroit ou dormir près de Yaguajay). En tout cas Géronimo (le directeur du musée) nous attends de pied ferme avec une jovialité et une générosité qui promet !
Sinon à la casa l’ambiance est toujours aussi bonne. Je commence à me lier d’amitié avec un quebecquois de 75 ans, Gerald, qui m’apprend plein de supers expressions de chez lui ! Il reste ici un mois. Et on va passer tout les deux une journée à Varadero (une péninsule à 2h de la Havane, où y a que des hôtels 4 étoiles et des plages de rêves) la semaine prochaine ! En fait on est les deux seuls à rester tout le temps ici (avec dame canadienne qui vit à Kingston, mais on la voit assez peu), les autres touristes passent deux ou trois jours ici.
Aujourd hui, on va aller a Lawton, le quartier ou Camilo a grandit, dans le sud de La Havane. la ou les choses sont moins reluisantes….

La prochaine fois, ce sera le récit du voyage à Yaguajay…ça devrait être plus rigolo ! On va quand même voir, entre autre, le cheval empaillé de Camilo, quand même.

Un beso


samedi 20 janvier 2007

Plages et papiers

Bon ben voila, on a une fois de plus reporte notre periple a Yaguajay. On part donc lundi matin a l aurore. Et aujourd hui c est blog sans accent et sans photos parce que cyber cafe....
En fait si on a reporte notre voyage c est qu on voulait tout finir a La Havane avant de partir la bas, et comme certains papiers ont pris leurs temps et que mercredi on s est retrouve dans un mic mac bureaucrato administratif tres poetique...
Les formalites pour pouvoir porter les bobines d archives ont ete plus complexes que prevues. Mais bon ca y est, jeudi on a eu ts papiers pour pouvoir sortir les boites rouillees et les amener au laboratoire ou le telecinema )transfert de la pellicule vers uen cassette ) va etre fait. Mercredi prochain je recupererais toutes les archives selectionnees sur cassette pour pouvoir les ramener en Chiraquie. Donc ca y est on a termine avec le travail a La Havane. Du coup on est parti se boire une Bucanero dans un Pollo, une chaine de snack en plein air, sous un beau soleil de milieu de journee.
Mercredi, en plein milieu de notre journee papiers, on est alle manger a l etage d un restaurant sur le malecon. sur une petite terrasse donnant sur la mer... et un poisson gigantesque dans l assiette. Ici quand on va au restau le midi je me fait toujours avoir. J ai beau prendre un truc pas cher, je me retrouve toujours avec un truc enorme dans mon assiette ! Du coup, depuis mon arrivee la digestion est mon activite physique la plus intense !
En rentrant mercredi soir a la casa, j ai longuement discute avec Ramon, un des membres de la famille de la casa, qui travaille comme chauffeur sur des tournages. Ensuite je me suis retrouve sur la terrasse avec le grand pere, Carlos, qui m a fait un recit detaille de ses activitees clandestines durant le revolution en 59, entre La havane et la sierra maestra, ou lors d une reunion il a rencontre Camilo. Au menu des recits, impression de journaux clandestins, minage de chemins de fer, explosif et reunions endiablees. C est assez extraordinaire d entendre toutes ces choses la de la part de personne qui ont vecu intensement cette periode, de l interieur. C est quqnd meme autre chose que de lire des trucs dans un fauteil du 10emme arrondissement, ce voyage aura ete essentiel a la construction du film, au dela des archives.
Mercredi et jeudi j ai aussi pas mal filme, surtout des plans pris de la voiture.
On a aussi du se taper des formalites pour que le voyage a Yaguajay se deroule de la maniere la plus officielle possible. Tout d abord les papiers pour Ariel et son oncle. Comme les cubains n ont pas le droit de dormir a l hotel normalement, il nous fallait des papiers de l ICAIC formalisant leur venue. Et puis il nous fallait aussi une lettre pour que les archives du Musee Camilo nous soit ouverte. Celle la j en ai fait une photocopie pour vous la montrer car elle en tient une bonne couche... des les premiers lignes

Miercoles 17 de enero,
anos 49 de la revolucion...

Hier, je me suis accorde une grosse bonne journee de vacances. Avec Gerald, le quebequois de la casa, nous avons pris le car pour Varadero,et 3h plus tard nous sommes arrives sur cette peninsule au plages paradisiaques, reservoir a touristes, mais d une beautee... Sable blanc, eau turquoise, cocottiers... Journee de baignade et de farniente au son des vagues, de la musique au loin et des blagues made in Quebec. Ona dejeune dans une paillotte a meme la plage. Une journee qui est passe trop vite evidement...
Bon, j ai pas le temps de me relire, donc dsl pr ttes les fautes de frappes et autres !

un beso



Jeudi 25

Camilo Land


Aujourd’hui, il pleut sur La Havane. Transition avec Paris ?...
Hier matin à midi, on est rentré de notre périple à Yaguajay, très très fatigués. Il faut dire que ça n’a pas été une expédition de tout repos : 1200 cm en 3 jours, et quelque chose comme 10h de sommeil !
Dimanche on s’est accordé un peu de répit avant de partir pour le Grand Est. Alors je suis resté à la casa à lire « Martin Eden » et à comater…
Lundi on est parti de la Havane à 5h. La veille, Ariel a réussi à louer une voiture pour pas trop cher (et qui ne consommait pas trop aussi…) et a rameuté son ami Carlitos qui a conduit une bonne partie du voyage et qui nous a transmis de son énergie non-stop ! Le lever du jour sur la route a été un spectacle long et magnifique. On s’est arrêté pour petit-déjeuner dans un bar où étaient affichés partout des proverbes cubains, ce qui nous a un peu éveillé l’esprit… On a traversé Santa Clara en passant devant le mausolée du Che, puis Remedios, et puis que des bleds ! Le bled Cubain ressemble un peu à la ville du Far West. Une grande route central, un saloon miteux, des carrioles, des cochons sur la route, des grands chapeaux de cow-boy sur les visages burinés… Du vrai Cuba profond ! Et donc plus on s’enfonçait dans le Nord-Est et plus les carrioles remplaçaient les voitures. On est arrivé à CamiloLand vers 11h. Quelques kilomètres avant d’y arriver la route était déjà ponctuée de grandes pancartes à la gloire de Camilo. On est enfin arrivé devant le musée (qui se trouve sous le mémorial à Camilo, avec statue, citations géantes), terminus tout le monde descend. On est accueilli par Géronimo, le directeur du musée, qui me serre très fort et très longtemps dans ses bras. Un homme très chaleureux comme ses mails me le laissaient penser. Il nous a fait visiter pendant une heure le musée (qui fait à peu près 100m2…) et là encore un musée typique de la révolution comme on peut en voir dans tous le pays : fusil avec lequel il a joué quand il était petit, uniforme qu’il portait dans la Sierra Maestra, la fameuse mitraillette Thompson qui ne le quittait jamais, des photos, des drapeaux, des papiers signés par Camilo. Le clou du spectacle, la matière première à de nombreuses blagues entre Ariel et moi, le cheval (empaillé) sur lequel il a emmené la grande marche des paysans en 59 de Yaguajay à La Havane. L’empailleur s’est même demerdé pour esquisser un sourire à la bête !
Ensuite, Géronimo a commencé à nous sortir les 1500 photos (argh…) de Camilo, dont beaucoup, très rares, appartenant à la collection personnelle d’Osmani, le frère de Camilo. Donc ça a été l’activité principale de ces deux jours : éplucher les photos, écarter celles qu’on avait déjà et celle qui étaient en mauvais état ou pas intéressante, et ensuite numériser celles que je voulais emporter. Pendant ce temps, Ariel a regardé les VHS d’émissions de télé sur Camilo et copié les plus intéressantes. Les cassettes étaient dans un tel état qu’elles ont encrassé jusqu’à la moelle le magnétoscope qu’on avait emmené…
Le soir, on est allé au seul hôtel de la région, un très joli endroit avec des petits bâtiments autour d’un grand lac artificiel, des flamants roses, etc. Par contre l’endroit était cher, et on a invité Géronimo à dîner avec nous au restaurant de l’hôtel (le seul restaurant de la région évidemment). C’était cher et pas bon ! Bref, après avoir ramené Géronimo chez lui, on est allé chercher un endroit sympa pour boire un verre, ce qui a été terriblement difficile… Finalement on a atterri au bord de la mer, dans une petite ville qui répondait au doux nom de Caibarian. Une serveuse à moustaches nous a servi nos bières, qui étaient bien méritées ! En rentrant on a du tous avoir l’œil vif pour éviter les trous dans la route, les poulets, les gens… Et les chiens qui sont tellement pas habitués à voir des voitures, qu’ils restent scotchés au milieu de la route à regarder la camilomobile arriver droit sur eux avant de calculer que ça peut leur faire mal ! Mardi soir, en partant de Yaguajay, on s’est même retrouvé avec un cheval complètement immobile au milieu de la route, qui a décidé de s’écarter de la route seulement après qu’on se soit arrêté !
Mardi, rebelote : beaucoup de photos et beaucoup de récits de Géronimo (qui est certainement le bonhomme qui connaît le plus la vie de Camilo). Des journalistes de l’Escambray (le journal du centre de Cuba) sont venus, alertés quelques jours avant de ma venue, pour venir m’interviewer. Vers 1a mi-mars, à l’occasion de l’anniversaire de la naissance de Camilo, ils publieront l’article qui sera aussi sur internet. Et là on risque de se marrer parce qu’ils ont insisté pour que je pose à côté du cheval…
Le midi, on est allé manger dans un très beau restaurant au bord de la mer, à 10 minutes au-dessus de Yaguajay. Un très vieil endroit construit sur pilotis où l’on a mangé de la très bonne cuisine du coin (un plat à base de bœuf). Après ça on s’est remis au travail, et une fois les vidéos copiées et les photos numérisées, on a pris la voiture avec Géronimo pour nous rendre dans l’ancien campement qui a servi de QG à la Colonne de Camilo avant la bataille décisive de Yaguajay. On a pris une route qui grimpait dans la montagne et une fois là-haut on s’est retrouvé sur des routes presque praticables, jusqu’à l’endroit, complètement paumé au milieu de la forêt, mais Monument National quand même ! On a visité la maison avec le bureau de Camilo, sa signature à même la pierre du sol de la terrasse, le lit où il a dormi, les toilettes où…bref. Quelques minutes plus tard, Ariel, en train de sortir de la forêt après une pause pipi (et oui, avec tout ce qu’on boit, faut bien pisser de temps en temps) m’a convaincu d’aller m’enfoncer tout seul dans les bois alentours. Au début je pensais qu’il voulait me faire une blague (ce qui aurait été possible vu que la fin d’après-midi avaient été placée sous le signe du Havana Club), puis j’y suis allé. La nuit était tombée, et je peux vous dire qu’effectivement, quand on passe ses journées à parler de Camilo, de guérillas, de mecs qui ont lutté dans ces bois, se retrouver seul dans l’obscurité de cette forêt, c’était quelque chose !
En rentrant au musée, on a décidé de ne pas rentrer de nuit à La Havane (on devait rentrer le soir normalement) et de se dénicher une casa particular sur le chemin, à Santa Clara. Du coup on est resté un peu avec Géronimo, qui nous a raconté les derniers jours de Camilo. Et l’on a quitté Yaguajay après de longues accolades avec celui qui nous a accueilli comme des rois.
Sur le chemin de Santa Clara, on a été pris de plusieurs fous rires, dues à la fatigue et à la galère qui nous attendait : trouver une casa particular à minuit à Santa Clara. Plus le cheval au milieu de la route et les moqueries sans bornes d’Ariel et Carlitos sur les provinciaux (encore pire que les parisiens…).
Dans les rues de Santa Clara, on a vu un truc très étrange dont on a toujours pas l’explication : on a croisé une quinzaine de carcasses d’animal, comme si un camion de boucherie avait semé derrière lui sa cargaison en faisant le tour de la ville ! On a réussi à trouver une casa non occupé (y’a beaucoup de touristes à Santa Clara à cause du mausolée du Che). Une fois la casa trouvée, on est allé sur la place principale trouvé quelque chose à manger. Une fois sur la place, j’ai été pris d’une impression très bizarre, comme dans un rêve : le fait de revenir là où on avait été y’a 2 ans, le même endroit, les mêmes odeurs, la même moiteur dans l’air. La sensation d’être venu là hier ou dans une autre vie.
On a mangé notre pizza (ici les pizzas ça ressemble un peu à des zombies écrasés et ça en a aussi probablement le goût, mais bon on a trouvé que ça) en face du cinéma où on avait vu Havana Blues avec Clo. J’ai expliqué à Ariel et Carlitos les endroits sympas de la ville puisque j’y avais passé plus de temps qu’eux ! Ensuite on est rentré, on a dormi 6h et puis hop, on the road again… On est arrivé à Cojimar chez Ariel vers midi. Après un gros café on a laissé Carlitos et l’on est allé à La Havane chercher les archives sur cassettes, qui nous attendaient. Le prix de l’opération (passage pellicule vers cassette) s’est avéré trois fois plus cher que prévu, du coup, je vais être obligé de me serrer la ceinture jusqu’à dimanche…
Depuis hier après-midi je fais pas grand-chose, vu que le voyage à Yaguajay a été assez crevant. En tout cas ça a été un périple génial !

Samedi 27

Hier avec Ariel on a réglé les dernières choses avant mon départ. On a récupéré les dernières archives au département vidéo de l’ICAIC, et on a fait le tour de toutes les formalités. En fin d’après-midi j’ai longuement marché à travers la ville. En rentrant j’ai rencontré deux français à la casa particular qui sont là pour une semaine. On a pas mal discuté dans l’après-midi et le soir on est allé en discothèque (je suis enfin allé en boîte à Cuba) au « Las vegas ». Du reggaton plus que fort et des cubaines qui dansent de façon très impressionnantes ! Une bonne nuit de fête…
Aujourd’hui je vais aller faire des photos et commencer à préparer mes bagages. Peut-être je vais aller à Cojimar chez Ariel.
Demain, je passerais ma dernière journée avec la famille de la casa, qui est devenue, avec ce deuxième voyage (non non pas second, deuxième !)… ma famille de Cuba. Qui a participée avec tant d’autres visages et de moments à ce sentiment très fort et très concret d’avoir, à présent, un peu de cette île en moi.

Voili voilou. En tout cas ça a été super de partager tout ça avec vous. Je rends l’antenne et je vous dis à la semaine prochaine. En live.

Hasta luego